Trois voleurs, une veuve, un enfant… une histoire de confiance

Confiance en l’autre et vulnérabilité

Etre digne de confiance, se rapprocher de l’autre exige de la vulnérabilité. Un joli conte pour illustrer ce qui est dans l’étymologie du mot confiance :

Confiance, en latin Cum (avec) Fidere  (foi= soumission devant les principes naturels, « Dieu », attitude de vulnérabilité et d’humilité).

 

Les trois voleurs, la veuve et l’enfant

Il était une fois, en Inde, trois voleurs talentueux qui ont tellement volé, amassé un si gros magot, qu’ils NE SE FONT PLUS DU TOUT CONFIANCE .

Ils n’en dorment plus. Chacun imaginant les autres s’enfuir avec la bourse.

Ils décident alors de confier leur argent à une personne de confiance : leur logeuse, une veuve qui vit du passage des marchands en Ville. Elle les loge dans une demeure à 2 étages avec cour intérieure qu’elle a hérité de son défunt mari.

Ils vont donc voir la veuve déguisés en marchands. Ils lui remettent le magot en lui faisant faire une promesse solennelle : elle ne pourra rendre l’argent que s’ils se tiennent tous les trois devant elle.

La veuve promet (main levée) : « tous les trois devant moi, sinon pas de bourse »

Et les trois voleurs se remettent à voler… parce qu’ils aiment ça.

Mais voler cela demande de courir beaucoup, et quand on court, en Inde, on pue.

Et les trois voleurs puent tellement que ça en devient difficile de voler : alors ils décident d’aller au Hammam. Mais voila : ils n’ont pas de serviette. Et c’est voleurs quand même, il ont leur dignité : ILS NE VONT TOUT DE MEME PAS EN ACHETER UNE ! Alors ils décident d’aller voir leur logeuse, la veuve.

Là, dans la cour de la maison, le plus intelligent des trois voleurs dit aux autres: « on va pas monter tous, attendez moi ici »    – Il y en a toujours un plus intelligent que les autres, n’est ce pas ? –

Le petit malin va voir la veuve et lui ordonne « donne moi la bourse »

– » Mais, et les autres marchands ? »

– « Ils sont d’accord » répond le voleur  » ils sont là dans la cour, tu n’as qu’à leur demander : est-ce que je la lui donne ? »

La veuve crie alors par la fenêtre « est ce que je la lui donne ?  »

Et les deux voleurs dans la cour qui s’impatientent répondent « mais oui ! Donne-la lui ! »

Bien sûr, sitôt la bourse en main, le voleur malin quitte la maison par la porte de derrière et disparaît.

Quand les deux voleurs comprennent qu’ils ont été joués. Ils sont verts de rage. Ils crient, ils insultent la veuve et pour finir la traînent devant le tribunal de la ville ! Après tout à part nous personne ne sait qu’ils sont des voleurs.

 

Le Juge est un brahmane, tout habillé de blanc. Il a de la sympathie pour la Veuve, peut être même un peu plus que ça…Elle est encore jolie, cette Veuve !

Mais il n’empêche que son cas est clair: elle a promit à trois marchands de rendre l’argent SEULEMENT SI LES TROIS ÉTAIENT DEVANT ELLE, et elle a failli !

Alors, la mort dans l’âme, le juge la condamne à rembourser l’argent sous un mois.

 

La veuve est désespérée. Même en vendant la maison elle n’arrive pas au 10ieme de la somme qui lui a été confiée. Elle va finir comme une mendiante et pire encore: tout le monde saura qu’elle est indigne de confiance.

Elle déambule en Ville, seule, dans l’attente de l’échéance.

Elle tourne en rond puis s’assoit.

C’est alors qu’une petite main, toute chaude, vient se poser sur son bras.

Au bout de la main il y a un petit garçon des rues, un orphelin âgé d’à peine cinq ans.

La main lui fait du bien et pourtant la veuve voudrait l’écarter tellement elle a honte d’elle même.

« Dis moi pourquoi tu es si triste madame ? » demande le petit garçon.

« tu ne peux rien pour moi » dit la Veuve.

« Peut être peux-tu juste me dire pourquoi tu pleures ? Cela soulage parfois  de parler ».

Il y a des larmes dans les yeux du petit garçon et la veuve lui raconte toute l’histoire. Et c’est vrai que c’est bon de parler.

Quand elle a fini, contre toute attente, le petit garçon éclate de rire: « mais c’est très facile de régler ton problème ! Tout ce que as a faire, c’est : PPSSCCHHHcccHH (et il lui murmure la suite a l’oreille).

La veuve sourit. En un instant, elle est apaisée. Elle promet à l’enfant que si ça marche il aura pour toujours une place dans sa maison !

 

Au lecteur : qu’est ce qu’il a donné comme solution à la Veuve, ce petit garçon? Si vous avez trouvé, gardez le pour vous, gardez le bien, vous avez l’esprit d’un enfant de cinq ans !

 

Le jour de l’échéance arrive.

« Alors madame, avez vous l’argent ? » demande le Juge d’une voix qui cherche a être ferme, il a peur pour elle.

« Oui je l’ai » répond la Veuve avec confiance.

« Alors remettez-le aux deux marchands ici présents ».

« Je ne peux pas votre honneur, j’ai promis de ne le remettre qu’aux trois devant moi, et je n’en vois que deux ».

Le juge éclate de rire, et ordonne aux soi-disant marchands de retrouver leur compère.

Puis il se tourne vers la Veuve et lui demande:  » pourquoi n’avez vous pas dit cela le première fois ?

« Oh, j’ai été un peu aidé » fait la veuve, approchez vous, je vais vous expliquer. Et elle se penche a l’oreille du juge et lui murmure: PPSSCCHHssccHHH.

 

 

 D’après un conte de Catherine Zarcate

 

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